« La minute où tu arrêtes de faire des erreurs est la minute où tu arrêtes d'apprendre. » Miley Cyrus *** Je me redressai du lit, soutenant ma lourde tête des deux mains. Mon père toujours assis ne disait rien. C'était son habitude, lorsqu'on le mettait en colère, il se taisait, prenait une éternité avant de finalement s'exprimer. Je détestais patienter généralement, et attendre dans ces genres de circonstances étaient d'autant plus pénible que j'ignorais ce qui m'était réservé. Il avait beau être ouvert mais quand il s'agissait de donner des punitions, ma mère était mon parent favori.
_ Aller! Dis ce que t'as à dire, suppliai-je.
Ma céphalée me suffisait déjà comme sentence.
Mon père ne répondit rien.
_ S'il te plaît, papa. Qu'on en parle et qu'on en finisse.
Toujours pas de réponse.
Nous restâmes assis, muets, pendant ce qui me semblait être de longues heures quand enfin j'entendis son soupir. Cela annonçait qu'il allait enfin rompre ce silence désagréable.
_ En un mot, comment qualifierais-tu ton comportement?
_ Cela ne se reproduira plus, je lâchai agacé.
_ Alors? Ton comportement a été..., dit-il en haussant le ton attendant que je complète sa phrase.
_ Parle pas aussi fort, j'ai super mal à la tête. Ça a été irresponsable. Voilà! Je n'aurais pas dû me saouler...
_ Là est une autre histoire qui n'aura pas vraiment de conséquences sur ton avenir, me coupa-t-il.
Je soulevai péniblement la tête de quelques millièmes de centimètres à peine afin de l'interroger du regard.
_ Crystal. C'est l'amie de Louise, celle qui était venue dormir ici ?
_ Tu as fouillé dans mon portable?! Criai-je en colère. Ce qui eut pour unique effet d'intensifier ma douleur.
_ J'ai fouillé dans ton portable et c'est le plus important en ce moment, tu crois?
Je me calmai.
_ Cela s'est passé ce soir-là? Me demanda mon père.
Et tant d'autres fois si tu savais.
Il a dû porter sa conclusion face à mon silence et poursuivit son interrogatoire: _ Louise était au courant?
_ Non, mentis-je.
Je crus percevoir un certain air de soulagement sur son visage dur.
_ Comment as-tu pu laisser cela t'arriver ?
_ Je ne sais pas.
_ Évidemment.
_ Ecoute, papa, je comprends que tu sois en colère mais c'était un accident.
_ Qu'est-ce qui était un accident? De lui avoir proposé d'avorter? Me dit-il d'un air consterné. Je ne suis pas en colère parce que tu as mis cette quelconque fille enceinte. Je le suis parce que tu as voulu t'en débarrasser.
_ Je ne voulais pas me débarrasser d'elle mais du bébé... si jamais elle est vraiment enceinte, j'ajoutai d'une voix à peine audible.
_ Le bébé que tu as mis en elle? Et sais-tu seulement combien c'est dangereux l'avortement?
Je gardai la tête baissée mais cette fois c'était surtout la honte qui m'y obligeait. Je savais ce que mon père pensait de moi. Il me répétait toujours qu'un homme devait assumer et ce, qu'importe la situation. Que tous avaient droit à l'erreur, que cette dernière permettait de grandir. Que fuir n'avait jamais été une solution sinon celle des lâches. Bien de beaux discours auxquels un adolescent à qui la copine avouerait être enceinte n'aurait jamais pensé sur le coup.
Christopher m'avait filé le contact d'un de ses potes qui bossait dans une pharmacie. Ce dernier me procurerait des pilules abortives que je donnerais à Crystal. Après quoi, l'affaire serait étouffée. Personne, à part les strictes concernés, n'en saurait rien. Même pas Louise. Mais il avait fallu qu'en sortant la veille j'oublie mon cellulaire lequel était protégé par un code bidon que même un enfant de deux ans pourrait deviner, et que mon père, sans respect pour la vie privée d'autrui lise mes messages. Mais en y repensant...
T'es trop con, Daniel. Ce genre de textos, ça s'efface.
_ Tu l'as dit à maman?
_ Tu as le reste de la semaine pour le faire.
Mon père quitta la chambre sans un mot de plus. Le message était clair, je devais moi-même annoncer la grande nouvelle à ma mère et si ce n'était pas fait, elle la saurait lors de notre prochaine réunion de famille.
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