« Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ; qui sait si nous serons demain ?» Jean Racine ***
Je sortis de leur coffret une paire de pendentifs argentés qui m'avait été offerts par Cassandra. Je les portai à mes oreilles après les avoir contemplés une vingtaine de fois. Je les adorais. Mes cheveux arrangés en un chignon flou reposant au beau milieu de ma tête concordaient parfaitement avec les boucles. Je me mis un discret rouge à lèvres après avoir délimité celles-ci d'un crayon de couleur marron. J'enfilai ensuite ma robe en polyester ivoire peinte de fleurs tropicales maintenue par de fines bretelles et un ruban avec lequel je fis un simple nœud. Je chaussai finalement mes sandales en bandes rouge et scellai ma cheville gauche d'un délicat bijou orné d'astres minuscules.
_ Toujours pas fini? Ils seront là d'un instant à l'autre.
_ J'ai fini, répondis-je alors que j'attachais mon chevillet. Les enfants n'ont pas écrit ?
_ Si. Ils sont au jardin botanique.
_ Crystal... elle est avec eux? Demandai-je embarrassée.
_ Oui, me dit tout simplement mon époux.
La semaine avait été exaspérante entre l'emménagement de la fille du commissaire, les va-et-vient pour lui procurer de nouveaux habits et lui chercher un couturier pour lui tailler des uniformes en express car toutes ses affaires étaient restées chez ses parents. Ce dîner proposé par Gardy ne nous ferait que du bien. Il faut souligner que Gardy retrouvait petit à petit sa bonne humeur malgré nos tourments.
Angelie et Manuel arrivèrent plus tôt que prévu. Nous nous mîmes à table sans tarder et passâmes une bonne heure à discuter. L'après-midi était chaud; le vent par moment soufflait et sa brise atténuait un tantinet la température.
_ Les écrevisses sautées à l'ail étaient délicieuses, Theresa, me complimenta ma marraine.
Je m'efforçai de lui sourire. Je dissimulais comme je pouvais la douleur que je ressentais émaner de mon sein droit. Je pus toutefois remarquer un futile échange de regards se faire entre mon mari et notre marraine.
_ Tout va bien? Questionnai-je.
_ Au fait, commença Angelie avec une maladresse évidente, Gardy m'a parlé de ton cas et je crois que... enfin, si tu tiens à ne pas faire trop de peine aux enfants tu devrais tenter de...
_ Si je tiens à ne pas faire trop de peine aux enfants! La coupai-je en reprenant ses propos, consternée.
Mon cher époux ne manquait pas de culot d'avoir dit à Angelie d'avancer cela comme argument.
_ Je tiens à mes enfants et à ma famille plus que tout au monde. Et Gardy le sait. Son problème c'est qu'il s'attend toujours à ce qu'on réagisse exactement comme lui le ferait. N'est-ce pas, mon chéri ? Lançai-je, la voix remplie d'amertume.
Angelie qui s'était redressée afin de commencer sa plaidoirie se recala à son siège. Elle venait de lever l'étendard de la capitulation. Manuel restait muet, se contentant d'observer l'écran de son cellulaire.
_ Comment peux-tu décider sur un coup de tête ce genre de chose?
_ J'y ai mûrement réfléchi, Gardy. Je comprends enfin pourquoi tu avais été aussi gentil de toute la semaine alors que les précédentes tu te comportais tel un vaurien. Tu mijotais ton petit plan sordide pour obliger Angelie à me convaincre de suivre un traitement. Dommage pour toi, je suis convaincue de ne le faire en aucun cas.
_ Pense aux enfants, bon Dieu! Hurlait-il.
_ Ils sont la raison première de ma décision, dis-je en gardant les dents serrées pour réprimer la rage qui naissait au plus profond de mon être mais aussi ma douleur croissante.
Désarçonné, Manuel s'était réfugié hors du patio après Angelie qui ne supportait plus d'entendre nos cris gagner en volume à chaque seconde qui passait. Sitôt la table débarrassée, ils montèrent à bord de leur Range Rover et nous laissèrent nous disputant encore.
_ Ce n'est pas la peine d'en parler à toutes mes amies. Tu perds ton temps.
_ Je sais. Plus têtue que toi, on meurt, me dit-il la mine sombre avant d'entrer par la cuisine.
Je l'observai s'en aller. J'eus un pincement au cœur sachant combien toute cette situation le martyrisait. Il ne méritait pas une femme aussi entêtée que moi. Surtout, il ne méritait pas de perdre encore une fois une femme qu'il a tant aimée parce que la nature l'a ainsi voulu.
La douleur à ma poitrine me reprit. Je me lançai alors sur les traces de mon époux. Le compte à rebours venait d'être lancé. La peur me gagnait. L'anxiété s'emparait largement de moi. Dorénavant je devrais utiliser mes heures à bon escient alors que je le pouvais encore. Et cela commencerait là, cet après-midi.
Je trouvai Gardy près du bar, sur le point de s'offrir un verre de whisky. Mes doigts sur ses bras musclés le firent émettre un léger sursaut.
_ Qu'est-ce que tu fais? Dit-il en se tournant vers moi.
_ On passe nos journées à nous engueuler alors que nous avons bien mieux à faire.
_ Je ne peux m'ôter ça de la tête.
_ Si, tu peux, lui dis-je en remplissant son verre d'alcool.
Il m'observa un instant comme pour se questionner s'il devait vraiment se laisser aller. Je préférais l'imaginer peser le pour et le contre afin de savoir qu'entre me prendre par devant ou par derrière lequel serait mieux. Il avala d'un trait son verre.
Je me jetai sur lui sans plus attendre. J'étais suspendue à ses lèvres - au sens très propre - alors que sauvagement je sentais ses mains modeler mes fesses. Je le libérai de son t-shirt pour lui parcourir le tronc de ma langue. Je défis la boucle de sa ceinture afin de dévoiler son tuyau qui s'érigea fièrement. Quelques jeux de doigts pour donner un peu d'attention aux soeurs jumelles plus bas situées et je m'acharnai sur cette belle longueur qui s'offrait à moi. J'entendis ses gémissements d'une oreille enchantée. Ses mains, quand elles n'empoignaient pas ma chevelure à l'arrière de ma nuque, devaient chercher refuge sur le rebord du comptoir. Ses grognements s'accentuaient à mesure que mes lèvres enveloppant son membre viril offraient à ce dernier une toilette des plus vivifiantes. Un bruit fracassant se fit entendre. Le verre de whisky en milles morceaux s'éparpillait par terre, alors que Gardy, agonisant de plaisir, la respiration haletante, se laissait choir sur le sol.
_ Ça fait longtemps que j'ai pas eu droit à cela, dit-il le souffle court.
_ Seulement parce que tu n'en voulais pas, répondis-je en défaisant le noeud de ma robe.
Il s'empressa de me débarrasser de mon cache-sexe et me souleva par la taille avec une aisance que lui permettaient ses larges bras tandis que je me laissai glisser délicatement jusqu'à ce j'aie absorbé l'intégralité de sa verge. Je la sentais en moi, elle était dure comme le roc, chaude comme le fer sortant du feu. Comblant entièrement mon vide, elle me donnait une sensation de plénitude. Je me mis à le chevaucher, d'abord en douceur, puis accélérant le rythme au fur et à mesure prenant appui sur ses épaules, lui, soutenant mes hanches qui se propulsaient au-dessus de lui. Au bout de plusieurs minutes à crier à tous les dieux et les saints, je sentis émettre en moi le lait de vie alors que sans perdre une seconde mon mari m'aplatissait au sol, au beau milieu de notre cuisine, m'enfourchant avec vigueur, me poussant à hurler, ne sachant si ce ne fût de plaisir ou de douleur...
Le ralentissement de sa cadence me ramena sur terre. Ses yeux emplis de chagrin étaient bués de larmes. Il m'observait tristement, perdu dans ses sombres pensées jusqu'à ce qu'il arrêta net ses mouvements qui mourraient déjà.
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