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Au-Delà De Nos Désillusions: Chapitre 12. Tableau presque parfait

Writer: Mamzèl TessaMamzèl Tessa

« La vie est une chance à saisir, une beauté à admirer, une béatitude à savourer. » Mère Teresa *** Après deux longues heures de route sur la nationale numéro 1 le bec cloué, nous atteignions le portail du Cabana. L'odeur de mon régale qui me parvenait du siège arrière m'était d'une meilleure compagnie que mon époux à ma gauche. Nous nous étions pas adressé un seul mot depuis la prise de tête de la veille et nous attendions chacun que l'autre fasse le premier pas. Je pensais fermement, en ce qui me concernait, qu'étant la plus vulnérable cela lui revenait de céder à mes caprices. Et puis, il était sûrement parvenu à récupérer quelques-uns de ses précieux documents.


Je sortis en toute hâte de la voiture et inspirai une grande bouffée d'air. Sans me soucier de prendre mes bagages, je m'approchai de Gardy qui était descendu de l'automobile peu après moi et lui effleurai la poitrine en laissant futilement ma main descendre jusqu'à sa taille. Je le sentis frémir et d'un sourire rassasié, j'introduisis la main dans la poche arrière de son jeans et saisis son porte-feuille, ce qui était mon principal objectif - l'agacer n'était qu'un bien valable bonus. Je vis éteindre dans ses yeux la flamme qui y naissait et en fus dix mille fois plus que satisfaite. Je lui tournai les talons, savourant ma petite victoire et me dirigeai à l'accueil. En moins de trente pas, je me trouvais dans le hall où je pouvais compter une vingtaine de personnes lesquelles j'espérais n'attendaient pas toutes pour s'enregistrer.


Sur le mur adjacent au comptoir étaient accrochés une dizaine de toiles vivement colorées protégées dans des encadrements vitrés. Les femmes réceptionnistes avaient le cou à moitié strangulé par un foulard assorti au décor de l'enceinte tandis que les hommes s'étouffaient presque avec leur nœud papillon multicolore.


La finalisation de mon enregistrement me prit à peine cinq minutes. J'acceptai les bracelets que me tendit le réceptionniste, un rayonnant sourire illuminant mon visage. Je le sentais immaculé quoique j'avais pas vraiment pensé à en prendre grand soin ces derniers temps. Je me rendis ensuite, impatiente, à la plage. Au passage je croisai Gardy - je l'aperçus d'un coin d'œil plutôt - endossé de nos sacs et tenant en mains le dessert que Cassandra et moi avions préparé. A peine quelques secondes et je repérais la troupe. Ils étaient tous là: Marissa et Yves, Bella et Jean-Michel, Angelie et Manuel, et Simone - non pas une question de ponctualité mais parce que certains se trouvaient déjà dans les environs la veille.


_ Vous voilà, enfin! S'exclamait Simone, une jeune et talentueuse photo-vidéographe que nous avions rencontrée lors d'un gala mon mari et moi et avec qui nous avions vite sympathisé puisqu'elle tenait tant à nous photographier.


Je me retournai afin de voir ce qui m'avait valu d'être désignée par ce « vous »...


« Ha... Gardy. Bien sûr. » Pensai-je en roulant discrètement mes grands yeux et lui remettant son bracelet en papier qu'il eut de la peine à saisir, étant chargé tel une mule.


_ Comment a été le trajet?


_ Superbe! Voyager seule n'aurait pas été plus calme, répondis-je avec une pointe de moquerie qu'Angelie saisit illico.


Elle émit un léger sourire et s'en alla entamer une discussion urgente laquelle devait durer environs cinq bonnes minutes avec Gardy. Ce dernier s'affairait à trouver une place pour le pain patate sur la table qui avait déjà été dressée.


Ce qu'il a la mine affreuse!


Pendant un instant je sentis me monter une pincée de culpabilité qu'il ne me fut pas difficile de chasser lorsque je pensai au peu de temps qu'il me restait à savourer de ma fascinante mais éphémère existence.

Simone nous rangea à son gré pour quelques prises de photos avant que nous puissions enfin profiter de tout ce qui s'offrait à nous.


_ C'aurait été parfait si Gardy donnait pas l'impression qu'il allait exploser, fit-elle remarquer après deux trois essais.

Mon mari, évidemment, ne broncha pas. Découragée, la jeune photographe abandonna et proposa qu'on refasse d'autres prises un peu plus tard lorsque tout le monde serait un peu plus détendu.


Si par tout le monde tu fais référence à mon cher mari, rêve toujours, ma petite.


Nous allâmes nous changer et rapidement je me retrouvai au bord de l'eau.


Je percevais au loin quelques bribes de la conversation des autres. Yves monologuait le dernier match de foot avec Gardy et Manuel; Simone donnait des instructions à Angelie et Marissa pour des meilleures prises. Je devinai que Bella était occupée à grignoter ou à susurrer des mots d'amour à son fiancé. C'était une joie de savoir qu'elle avait fait le grand saut et qu'elle avait pu finalement s'accaparer l'amour de sa jeunesse après plus de dix ans de vaine attente.


Je m'avançai de quelques centimètres afin de sentir les vagues mourir à mes pieds. Le sable chaud en-dessous d'eux et l'eau tiède les traversant me faisaient une sensation agréable. La mer agitée par moment et calme à d'autres ne m'était jamais parue aussi magnifique. Elle avait ce bleu... ce bleu... bref! Ce si beau bleu indescriptible qui jusque-là m'était banal.


Un sourire à ce sublime présent qu'est la vie; une larme - ou plus - toutefois sachant qu'elle ne serait pas aussi longue que souhaitée et je rejoignis les autres.

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